Les égouts sont oubliés. Les cachettes, imprégnées par l'obscurité. La pénombre recouvre ce terrain creusé sous la terre. Personne n'entend les voix qui s'élèvent dans les sous-terrains. Ni ne suspecte que la vie est possible en dessous de la ville. Un territoire immense s'étend en un dédale métallique et rocheux. Un mélange vintage, au charme rustique, bien que le paysage soit quelque peu monochrome. Des échos imperturbables emplissent les lieux, des cris se répercutant contre les murs inébranlables. La résistance prend vie dans le secret. L'espoir d'un renouveau guide les pas fébriles et les esprits échauffés. Un monde à part, qui se prépare. Plus bas que terre, sous les couches de pierres, ces figures cherchent pourtant à se relever. A retrouver leur liberté.

Les échos des pas précipités sont étouffés par les éclats de voix. Le brouhaha ambiant ne cesse jamais de résonner. La musique urbaine, une mélodie qui berce les tympans. De jour comme de nuit, l'endroit est animé. Les rues sont bondées, la foule se tasse. Et se presse dans la crasse. La poussière marque les vêtements et se faufile dans les cheveux. S'engouffrant sous les couches de tissus, mettant l'épiderme à vif. Démangeant la peau et s'incrustant entre les paupières. Les pupilles se dilatent alors que les néons aux couleurs criardes agressent les yeux déjà rougis. Les fragrances titillent les sens en caressant les narines. Tandis que les saveurs embaument les palais des habitants. Ils survivent, plus qu'ils ne vivent. Et ce n'est toujours pas assez.

Les courses contre la montre et les pressions hantent les esprits. Coincés entre deux mondes, entre deux extrémités. Aux antipodes, alors qu'un pan de l'humanité prend vie dans ce creux instauré par la société. Sous les nuages, tendant vers eux sans pouvoir les toucher. Mais bien plus proche des airs que de la terre. Élevés, à peine au dessus du sol. Un rêve qui transcende, qui accompagne les marques de respect imposées. Courbées, les échines, les visages tournés vers le Pandémonium, tandis que les iris s'accrochent à l'Éden. Un mal pour un bien. Jamais rien de gratuit. Tout se paye. Même sa propre vie.

Les nuages embrument les paysages. Estompés entre les buildings, les architectures stylisées. Des arabesques structurées, qui imprègnent le ciel de leurs textures particulières. Dans le décor tranchant que les hauteurs ont à offrir, les têtes se tournent et les esprits s'élèvent. Les masques ornent les visages taillés de l'élite. Le prestige de la ville résidant en ces sourires apocryphes qui étirent les lèvres. La renommée, un trophée que l'on désire posséder. Le respect, un idéal qui flirte à la limite de la surface. Le miroir ne renvoyant qu'une image sans profondeur. Et les récits, ne contant que des histoires où les rumeurs sont étouffées. Où les valeurs sombres sont plongées dans l'oubli, pour faire jaillir l'éclat de l'estime dans les regards ternis.